A Florence, la mode masculine fait salon (2024)

Prendre le pouls de la mode masculine à l’écart des fashion weeks, tel est le parti pris du salon Pitti Immagine Uomo, à Florence (Italie), où ont été présentées les collections printemps-été 2025, du 11 au 14juin. Depuis 1972, deux fois par an, en janvier et en juin, c’est le lieu où il faut être, pour dénicher les tendances fortes et pour croiser les acteurs du secteur −acheteurs, journalistes, designers… −, dans un environnement plus détendu que lors des semaines officielles de la mode.

Les chaises longues, disséminées un peu partout, les nombreux marchands de gelati («glaces») et les DJ sets, qui résonnent régulièrement au cœur de la forteresse de Basso, majestueux complexe fortifié datant de la Renaissance, donnent à l’événement un petit air de vacances avant l’heure. Les enjeux sont pourtant importants: 20000visiteurs venus du monde entier arpentent les allées et les différents stands, pour découvrir ce que les quelque 800marques exposantes y présentent.

On y trouve des labels connus, comme les italiens Brunello Cucinelli ou Missoni, ainsi que des jeunes pousses, comme Ouest Paris, une griffe française lancée en2022 par Arthur Robert, ancien designer pour AMI. «C’est la deuxième année que nous sommes invités. Il paraît qu’il faut attendre la troisième pour constater un effet sur les ventes, s’amuse-t-il. Mais c’est une chance! On discute plus facilement avec les acheteurs que lors de la fashion week, qui est saturée de défilés.» Sur ses portants, une mode masculine décontractée, inspirée de la culture du surf, avec des sweat-shirts souples et des pantalons larges.

Cuir de pomme ou de cactus

Initiative remarquée, celle de Kering, à travers le programme S/Style: le groupe français a invité dix marques masculines émergentes à imaginer des vêtements écoresponsables. Pour cela, les portes du Kering MIL (pour Material Innovation Lab) leur ont été ouvertes. Basé dans la région de Milan, ce laboratoire d’innovation textile est axé sur la mode durable. On a ainsi pu voir les vestes courtes en cuir de pomme ou de cactus du Chilien Guido Vera, ou les manteaux amples et les chemises en denim de Buzigahill, une griffe venue d’Ouganda, qui, avec son projet Return to Sender («retour à l’envoyeur»), réinvente les vêtements de seconde main.

Chaque saison, le salon invite aussi quelques têtes d’affiche à défiler pendant la soirée, dans la ville. Pour cette édition, Paul Smith a présenté, à la Villa Favard, une collection mêlant costumes aux tonalités douces et imprimés joyeux, tandis que Marine Serre a déroulé, dans les splendides jardins de la Villa di Maiano, une collection mixte, mêlant ensembles en coton et en dentelle taillés dans des draps, robes du soir fatales et beaux costumes masculins.

Pierre-Louis Mascia, créateur français plus confidentiel, a, quant à lui, présenté son tout premier défilé, un vestiaire fort en couleurs et en imprimés, avec des chemisiers et des pantalons souples, sous la serre du jardin botanique de Florence. «Je suis venu pour la première fois au Pitti il y a quinze ans. J’avais un stand avec une dizaine de foulards. C’est important de revenir ici pour ce premier défilé. Il faut être fidèle à ceux qui vous donnent votre chance», glisse-t-il, ému, à l’issue de sa présentation.